Au feu !
Un
livre assez intéressant, ce "faut-il brûler le modèle social français
?", disons d'actualité, qui certes ne pose pas de questions très
nouvelles, et
qui du coup ne répond pas de façon très nouvelle non plus aux
interrogations qui sont dans l'air aujourd'hui, un an avant
les élections, mais qui a ce
mérite de décortiquer cette fameuse comparaison entre le modèle social
français et celui (ceux ?) des
pays du nord, comparaison qu'on nous serine depuis des lustres et qu'il
est bon de mettre à plat.
D'abord les auteurs (Alain Lefebvre et Dominique Méda) y font un
assez triste bilan : le modèle social
français est devenu inefficace, essentiellement parce que daté. La preuve ? Rien ne va plus et rien de plus simple à prouver :
-taux de chomage trop fort,
-taux d'emploi trop faible,
-transitions
vers l'emploi trop faibles,
-enseignement général là le constat est encore plus alarmant : 150 000 jeunes sortent du système
scolaire sans diplôme chaque année. Incroyable !, alors que "posséder de
hautes qualifications est devenu un enjeu majeur au sein d'une Europe
obligée de se repositionner dans la nouvelle division internationale du
travail",
-budget consacré à la recherche ... trop faible,
-dette publique
trop importante ...,
-quid de l'intégration ....,
-quid de l'égalité hommes-femmes ....Décidemment les Français font tout de travers..
Les auteurs comparent nos performances avec les performances des pays d'Europe du
nord. Bon ben faut bien le reconnaître : on perd presque à tous les
coups, mais sur ces indicateurs là,
qui sont une grille de lecture partisanne tout de même. Justement y'a
une petite
reflexion sur "comment comparer, qu'est ce que comparer, qu'est ce qui
est comparable (par exemple un petit pays et un grand pays sont-ils
comparables, et si oui dans quel domaine)" bien intéressante.
Puis on en vient à cette fameuse flexisécurité
(d'ailleurs je croyais que c'était flexsécurité, on doit pouvoir dire
les deux). On nous
précise comment s'entend cette chose dans les pays du nord, en
insistant bien sur le fait que c'est un concept à manier avec
précautions, qui va bien au delà de ce qu'on croit en France. Certes
il s'agit bien de favoriser la mobilité sur le marché de travail
("liberté" d'embauche
et de licenciement, -tiens là aussi la liberté un concept à manier avec
précaution, disons ensemble de choix plus vaste-), donc favoriser la
mobilité sur le marché du travail tout en conjuguant un bon
niveau de prestations
sociales
pour les chômeurs, et des formations adaptés dans le but d'améliorer
leur employabilité, mais les auteurs précisent en sus
-en insistant bien là-dessus, et franchement je n'ai
pas très bien compris pourquoi- que la flexisécurité va
bien au
delà dans les pays du nord, ce qu'on a tendance à oublier ici (ben non,
c'est simplement plus anédoctique) qu'elle suppose par exemple, au sein
de chaque entreprise, une forte polyvalence de la main d'oeuvre. Là
j'ai eu
l'impression qu'ils ergotaient, pas pour la première fois
d'ailleurs.
Ensuite viennent les recettes
: ils nous expliquent comment opérer au
mieux une éventuelle transition vers ce genre de modèle, qui a de
meilleurs résultats que les notres à l'aune des indicateurs donnés plus
hauts. Ils nous expliquent ? En fait pas vraiment, là ça dérape un peu. Grosso modo on
nous dit que rien n'est imposssible et on nous livre en 4 points si
j'ai bien compté , 4 points seulement, 4 tout petits points, deux
ou trois pages du bouquin suffisent à les détailler , ce qu'il faudrait faire,
POUR TOUT CHANGER, POUR QUE TOUT AILLE MIEUX.
Et rien
de bien révolutionnaire là dedans, toujours formation, ou fin du CDD, au final on est quand même un peu
déçu. Ce bouquin, c'est bien plus un état des lieux qu'une véritable force de
proposition. Avec un petit côté "Manifeste" tout de même, puisque les auteurs ne
s'appuient pas sur des études empiriques.